Est-ce que l’on savoure assez la lumière ? On se délecte de la douceur d’un lever de soleil ou de la majesté d’un coucher de soleil, mais sa texture change continuellement, seconde par seconde. Une mutation à laquelle nous faisons rarement attention. La beauté de la lumière est l’inspiration pour The Gleam, le troisième album de la compositrice et musicienne coréenne Park Jiha. Elle distille la lumière en son, du scintillement des premiers rayons de soleil de « At Dawn » jusqu’à la tombée de l’obscurité dans « Nightfall Dancer », en capturant son essence en notes et silence. L’album trouve son origine avec la pièce « Temporary Inertia » qui a été créée pour une une improvisation méditative dans un bunker conçu par l’architecte Ando Tadao, où le plafond avait une ouverture laissant la lumière s’y déplacer lentement pendant la journée et offrant un rendu très spécial à l’intérieur. Park Jiha voulait capturer les émotions que la lumière lui donnait en tant qu’observatrice, ses textures, son intensité, sa chaleur… Son mouvement semble inerte et seul le temps le révèle. Comme son prédécesseur, Philos (2019), The Gleam est une œuvre entièrement solo. Toute la musique est composée et jouée par Park Jiha au piri (une sorte de hautbois), saenghwang (un orgue à bouche qui apparaît sur la pochette de l’album), yanggeum (hammered dulcimer) et glockenspiel. Sa musique est minimale sans être minimaliste. Elle puise dans la musique coréenne traditionnelle tout en prenant ses distances. Sa musique respire. La respiration est un acte de répétition constant. La répétition est essentielle pour garder une certaine concentration et bâtir le terrain propice au développement de l’atmosphère du morceau, créer des sentiments. Musique et nature sont très similaires d’une certaine manière explique l’artiste. The Gleam scintille et éblouit. Laissez-vous emporter…